VIVRE DANS LE SUD DE LA FRANCE : Du rêve à la désillusion ou résignation…

Que l’on vive dans le Nord de la France, ou en Belgique, Allemagne, Angleterre, ou partout ailleurs où il fait gris et froid, qui n’a pas rêvé de venir vivre dans le sud de la France, au soleil de la Méditerranée, des cigales, des montagnes, de la nature…, rencontrer les gens d’ici, les inviter à l’apéro ou à dîner, participer à la vie locale, et culturelle, donner de soi même et de son temps, bref…donner de soi, et manifester la volonté de s’intégrer dans son nouveau lieu de vie.

C’est ainsi qu’en 1998, je quittai mon « plat pays » pour m’installer dans un joli petit mas, au milieu des vignes, tranquille, avec vue sur mer.

Bien que pas très riche, je me disais qu’en aucun cas, je ne serais un « assisté » de la République Française, mon épouse étant infirmière et moi-même doué d’une solide expérience commerciale et informatique (création d’une TPME)
Accessoirement, j’étais musicien amateur et passionné de jazz.

A peine installés, je rencontre dans l’avion, une dame, Belge comme moi, à qui je fis part de mon enthousiasme…, qui visiblement n’était partagé par elle…

(Elle travaillait pour une société de communication basée à Toulouse)

Pour faire court, j’ai retenu deux dictons, probablement de son cru :

« Dans le sud, les gens t’ouvrent les bras tout grands mais ne les referment jamais »

ou encore :

« Dans le sud, les gens ne te disent jamais Non, mais méfie toi de leur Oui… »

A l’époque, je trouvai qu’elle exagérait…

Avec, le recul, je me dis que ses dires étaient en dessous de la réalité.
Que je réalise gratuitement le site Internet de mon village…

Que ma femme et moi nous dévouâmes pour leur comité des fêtes…

Que je donnai gratuitement un concert de jazz, payant de ma poche les musiciens qui m’accompagnaient

et j’en passe…

Dans tous les cas de figure, « c’est qui ces estrangers qui viennent s’imposer.. »

avec tous les procès d’intention que cela sous-tend.

Le hasard a voulu que quelques années plus tard, je rencontre un élu du village de Sigean, « pied noir » d’origine, un homme d’une énorme culture.

Il me fit confiance et me confia l’organisation du « Sigean Hot Jazz Festival »

que j’assume jusqu’à ce jour de manière à la fois passionnée et bénévole, même
si cela se fait via une association loi 1901 créée pour la circonstance.

Mais chaque année, il faut revoir la donne, ne sachant si ce Festival perdurerait l’année suivante.
Peu importe après tout… : dans tel cas, je ferais autre chose de ma vie…

Mais il y a pire que moi :

En 2003, j’avais rencontré deux garçons qui s’étaient installés dans mon village, ayant créé un atelier de mosaïque : deux artistes de grand talent, sauf que :

ils n’étaient pas d’ici (comme moi) et suprême injure à l’intolérance locale :
Ils étaient homosexuels, tout en vivant en couple régulier : leur seul crime…
Après avoir été agressés à de multiples reprises, et de plus en plus gravement, ils décidèrent de quitter le village…, définitivement.

Les 7 plaintes qu’ils ont déposées n’ont jamais abouti.

Mais au fond, je me dis qu’il y a encore pire...un peu plus au sud : 

En 2006, ma compagne et moi décidâmes de passer nos vacances en Corse…

Là bas, on vous dynamite…si vous venez du continent...et voulez vous y installer...

L’année suivante, nous visitâmes l’Ile d’Elbe toute proche : un paradis de tolérance et d’accueil.

Si l’immobilier n’y était pas aussi prohibitif, peut être que nous aurions été y vivre.

Quoi qu’il en soit, je vous conjure de croire que ce qui précède n’est que réellement vécu, une sorte de « désablusion » comme aurait dit Nino Ferrer, où une forme de naïveté de croire que les Hommes sont tous Frères et capables de s’enrichir mutuellement de leurs différences.

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