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14 juin 2010 1 14 /06 /juin /2010 09:53

Belgiquecarte

Au lendemain des élections législatives, ayant consacré la victoire éclatante du NVA, parti nationaliste ou séparatiste (l’avenir nous le dira)

 L’image ci-dessus montre : en jaune : la Flandre, en rouge, la Wallonie, en bleu, l’agglomération Bruxelloise, et en noir, la communauté Germanophone.

 

La naissance de la Belgique
La
Brabançonne
(Hymne national Belge) fut écrite par Jenneval, dont le vrai nom était Alexandre Dechet, et qui était acteur du théâtre où fut déclenchée en 1830 la révolution qui devait mener à l'indépendance de la Belgique.
Durant la guerre d'indépendance, Jenneval fut tué.
La musique avait été composée par François Van Campenhout et la chanson jouée pour la première fois
en septembre 1830.
Initialement, les paroles furent écrites en Français, puis traduites en Flamand et en Allemand,
les deux autres langues nationales, et modifiées plusieurs fois au fil des circonstances.
Le drapeau Belge (Noir, Jaune Rouge) inspiré des armoiries des Ducs de Brabant, trouve son origine la même année, à l’issue d’une représentation de « La Muette de Portici », que certains associent à au début de la Révolution Belge.
La Belgique, qui, il faut bien le dire, n’avait pas encore d’Histoire propre, chercha son futur roi.

 

La Dominance bourgeoise catholique Francophone
La bourgeoisie de l’époque était francophone, le roi se devait donc de l’être également.

Le gouvernement provisoire constitué à la hâte, sollicita le Duc de Nemours (fils de Louis Philippe)

qui déclina l’offre.
Le 4 novembre 1830 une conférence s'ouvre à Londres sur l'avenir de la Belgique : les grandes puissances décident finalement de reconnaître la Belgique indépendante le 20 janvier 1831.
Un royaume est fondé dont le trône est offert par défaut au prince allemand
Léopold de Saxe-Cobourg-Gotha (oncle de la reine Victoria), qui deviendra Léopold Ier, premier roi des Belges, le 21 juillet 1831 ( date devenue fête nationale en Belgique )

A sa mort, son fils, Léopold II, lui succéda en 1865.
Richissime, il était devenu propriétaire, à titre privé, de la république du Congo, en exploitant les fabuleuses richesses minières, et construisit les plus grands monuments de Bruxelles.
Accusé par les Anglais, de torture, voir de génocide, il céda le Congo à l’Etat Belge.
Tous les souverains qui lui succédèrent jusqu’à l’heure actuelle, restèrent éminemment catholiques et francophones.

 

L’ancienne puissance économique Wallonne

Au 19ème siècle, la Belgique  fut un temps la 2ème puissance économique mondiale, de part ses richesses coloniales, mais également grâce à sa sidérurgie, ses mines de charbons, son industrie verrière, ferroviaire et d’armement.

Toute l’industrie, à peu de chose près, était située en Wallonie (sud de la Belgique) et les Flamands, paysans pauvres pour la plupart, venaient y travailler par trains entiers, pour des salaires de misère.
A la fin de la deuxième guerre mondiale et d’une nouvelle montée en puissance de l’industrie de reconstruction, la main d’œuvre nationale ne suffisait plus.
Un accord avec l’Italie vaincue, abouti à « l’importation » de quelque 50.000 travailleurs Italiens.
Au début et dans les pires des cas, ils étaient logés par 6 ou 7 dans des baraquements insalubres, avec une toilette par 60 à 70 personnes, et travaillant dans les mines de charbons.
Bien avant cela, certains compagnies minières avaient créé de véritables villages autarciques
offrant aux mineurs, logements, hôpitaux, hospices, salle de fêtes et chauffage gratuits :
Une sorte de nouveau capitalisme avant l’heure où, sous prétexte d’avantages en nature, les mineurs se trouvaient prisonniers d’un lieu de vie isolé, avantageux pour l’époque certes, mais dont ils pouvaient difficilement sortir malgré des salaires quasi inexistants.
C’est le cas des « carrés du Bois du Luc » .

voir sur Internet : http://www.ecomusee-regional-du-centre.be
Bien avant, j’eu le privilège de visiter l’ancien charbonnage, avant qu’il soit réaménagé et ouvert au public :
Je me souviens de la grande émotion ressentie, à découvrir un charbonnage…, figé, dans l’état
où il était resté à sa fermeture, vingt ans plus tôt :
l’ardoise murale dans le corridor d’accès aux mineurs, avec leur dernières consignes…, le bureau du Directeur Général, surélevé tel un trône, dominant le modeste siège sans accoudoirs, où comparaissaient ses subalternes qu’il jugeait devoir remettre dans le droit chemin….
Pourquoi appeler cet endroit « les carrés de Bois du Luc ?
Parce que que les petites maisons destinées aux mineurs étaient disposées en carré…
Parce que Bois du Luc est un village créé de toute pièce par la société des charbonnages du même nom et située avant sa construction à l’orée d’un bois.
Le site dans sa globalité a été revendu à la commune (mairie) de La Louvière qui en a assuré à très gros frais, la restauration.

Les petites maisons quelque peu rénovées, continuent à être louées à des anciens mineurs ayant survécu à la silicose, ou à leurs enfants…

Le déclin industriel Belge débuta au début des années soixante, avec, à la clé, de gigantesques grèves, débouchant sur une nouvelle montée en puissance du parti socialiste qui imposa une série importante d’avantages sociaux, suivis d’une politique d’assistanat à tout crin.

 

La revanche économique et linguistique Flamande

La situation actuelle est inversée :
La Flandre, qui au delà des avantages d’ouverture sur la mer (port d’Anvers et terminal gazier de Zeebruges) sut développer une industrie plus moderne.
La Wallonie, complètement sinistrée économiquement, et pratiquant une sorte de fuite en avant

d’assistanat généralisé et de dépenses de prestige, vit au crochet de l’Etat fédéral et donc de la Flandre qui réclame la régionalisation des dépenses d’assurances chômage et de santé.

 

Sur ce problème d’ordre budgétaire vient se greffer un problème de revendications linguistiques.

Il faut savoir que l’organisation institutionnelle et  politique de la Belgique est triple :

A côté du gouvernement fédéral, il y a la communauté Française, la communauté Flamande et la communauté Germanophone (toute petite)
Vient ensuite, le gouvernement Wallon, Flamand et Bruxellois.

Les seuls piliers qui permettent à la Belgique de continuer d’exister et de résister aux poussées nationalistes Flamandes sont Bruxelles et la Royauté.

Bruxelles est la capitale et le carrefour de l’Europe, comptant en son sein les principales institutions Européennes et l’Otan.
Bruxelles qui compte 19 communes (l’équivalent des arrondissements Parisiens) est dans sa globalité francophone à 80%, bien qu’officiellement bilingue.
Or au niveau national, les Flamands (néerlandophones) sont majoritaires à 60%.

Quant à la famille Royale (francophone) , elle se veut demeurer la garante de l’unité Nationale, même si le pouvoir du Roi n’est à peu de choses près que protocolaire, et à terme, pourrait disparaître.

Les nationalistes Flamands, de plus en plus nombreux, ne peuvent que rêver d’une Flandre indépendante, car sans Bruxelles, ni la Flandre ni la Wallonie ne peuvent exister.
C’est essentiellement notre sens du « compromis à la Belge » qui nous a permis de nous tirer des plus profondes ornières et de continuer à vivre ensemble, même si parfois, il s’agit d’un concubinage de raison.

Un des exemples les plus amusants du compromis à la Belge s’est manifesté lors du vote, en 1990, de la loi dépénalisant l’avortement.
Une loi ne peut prendre ses effets que par la signature du Roi et la promulgation d’un Arrêté Royal.
Ne voila t’il pas que le roi Baudouin,catholique fervent et proche de l’opus dei, écrit au premier ministre Wilfried Martens, lui signifiant que ses convictions morales et religieuses le mettaient dans l’impossibilité de signer un arrêté royal légalisant l’avortement.
La stricte application de l’article 82 de la constitution aurait du engendrer la destitution du roi.
Mais le roi demanda à son premier ministre de « trouver une solution… »

  Le 1er avril (et ce n’était pas un poisson ), le conseil des ministres, déclara que le roi était « constaté provisoirement dans l’incapacité de régner », sorte de destitution provisoire, le temps que le conseil des ministres promulgue la loi sans la royale signature, puis constata juste après, que comme par miracle, Baudouin 1er  était à nouveau capable de reprendre son trône et ses fonctions.
Revenons à une actualité un peu plus …brûlante :
Si foncièrement, les Wallons et les Flamands, bien que de langue différentes, ont formé depuis 150 ans un couple de raison plus que de cœur, le torchon peut très vite brûler dès que leurs élus respectifs se mettent à fustiger davantage ce qui les séparent que ce qui les rapprochent.
Enorme risque car le mariage de raison entre Flamands et Wallons est aussi un mariage « mixte » :
Les Flamands sont ethniquement Anglo-Saxons alors que les Wallons sont Latins.
Leur sémantique et leur système de valeur sont foncièrement différents :

L’Anglo-Saxon voudra que les points soient bien mis sur les I, et veilleront scrupuleusement à leurs intérêts économiques immédiats et la mise au point précise de toutes espèces de conventions avec son ou ses partenaires.

Le Latin, lui, sera davantage sensible à la convivialité et à la séduction de ses partenaires, en se disant que pour les problèmes de fonds, il pourra les examiner un peu plus tard.
De sorte que :
Si vous voulez un partenaire en affaires, choisissez un Allemand…(ou un Flamand)
Si vous voulez vous éclater, choisissez un Italien …
A l’inverse, ne comptez pas trop sur un Allemand pour partager humour et dérision, …
et en affaire, méfiez vous des mauvaises surprises que pourraient vous réserver un Italien.

Ceci mérite quelques nuances en ce qui concerne le présent sujet :

Nuance en ce qui concerne la réalité Flamande :
Les Flamands sont des gens généralement courageux, volontaires, fiables, mais têtus , faisant confiance jusqu’à preuve du contraire.
Par contre, lorsqu’ils sont convaincus de quelque chose, il peut être très délicat de les faire changer d’avis.
Trop facilement, vu de France, on assimile les Flamands aux Hollandais : un raccourci inopportun
C’est beaucoup plus complexe, en effet :
Leur linguistique est parente, mais non identique.
Leurs relations ne sont pas, et réciproquement en « odeur de sainteté »
Si vous me pardonnez de faire une caricature, je dirai que :

Les Hollandais prennent les Flamands de haut, les considérant à tort comme « paysans attardés »
Les Flamands, souvent, considèrent les Hollandais comme prétentieux, roublards et arrivistes.

 

Nuance en ce qui concerne la réalité Wallonne

Comme précisé plus haut, les wallons appartiennent globalement à la culture latine.
Leur langue est le Français, mais la pratique des patois (différents selon les régions) continue a exister, dans les couches populaires (mais pas uniquement)
Pour une bonne part, leur mentalité est assez proche de leurs voisins du nord de la France

(les « chtis ») avec lesquels ils communiquent fort bien.
Comme ces derniers, les Wallons sont des gens chaleureux, accueillants…
Enrico Macias chante : « les gens du nord ont dans le cœur le soleil qu’ils n’ont pas dehors »
Les gens du Nord accueillent chez eux, invitent, font la fête…

Les gens du Sud ont le soleil : c’est peut être pour cela que les gens du Nord émigrés dans le sud
ont si souvent des difficultés à leur trouver une quelconque chaleur intérieure….


Revenons à nos moutons :
La véritable crise wallonne tient en quelques considérations de fait :
A la suite de la crise industrielle des années 60, les anciens patrons avaient péché par manque de prévoyance, s’endormant sur leurs lauriers (et sur leurs fortunes engrangées).
L’acier, le charbon, le verre ne font plus recette (du moins en Europe) au contraire des industries de pointes (ce qu’il est convenu d’appeler les technologies émergentes)
Si certains mais trop rares entrepreneurs anciens ou nouveaux venus sur le marché , ont pu rebondir, il est clair que la « masse laborieuse » , peu qualifiée, est restée sur le carreau.

Cette même masse laborieuse avait eu la chance, en son temps, de compter sur le parti socialiste,
qui a œuvré pour limiter l’exploitation des ouvriers.
Un exemple :
Si vous venez à Charleroi, prenez un peu de votre temps pour aller boire une bonne bière au « Café des 8 heures », sur la place de la ville haute.
Cet immense bistrot est à lui seul une véritable institution
En effet, au-delà du fait que ses murs transpirent de témoignages anciens de la lutte ouvrière, le café des 8 heures, le dimanche matin, affiche complet !
Nombre de retraités (ou plus jeunes) prétextent, auprès de leurs épouses le marché dominical
pour venir y taper la carte, et déguster quelques « Chimay bleue »
…fermez la parenthèse.


La situation actuelle de la Wallonie, jadis si prospère, est inquiétante.
Le parti socialiste, demeurant leader aux élections, garde la main mise sur les plus grandes villes telles que Charleroi, Mons, ou La Louvière, malgré de sombres affaires de corruption et d’abus de biens publics.
Ces mêmes dirigeants tiennent encore leur électorat par une politique outrancière d’assistanat

financé par le gouvernement fédéral (et donc par la Flandre, poumon économique de la Belgique)
Une grosse partie de la population, surtout non qualifiée et sans emploi, bénéficie d’allocations de chômage …à vie…., surtout si l’on a l’un ou l’autre ami au PS.
De là à ce qu’on qualifie les wallons de faignants, il n’y a qu’un pas que je me garderai bien de franchir.
En effet, il y a en Wallonie des entreprises très performantes, et les travailleurs n’ont jamais revendiqué les 35 heures…
Par contre, les pouvoirs locaux, assoiffés de recettes fiscales n’hésitent pas à lever des taxes sur tout et n’importe quoi : les chiens, les drapeaux publicitaires, les citernes d’eau de pluie, les antennes paraboliques, et les automobiles.
A quand une taxe sur « l’AUTOdérision » : en Belgique, cela rapporterait gros !


La Wallonie, en tant que région Européenne sinistrée, a aussi reçu de l’Europe, des subventions trop souvent utilisées en dépenses de prestige (rues piétonnières, restauration de monuments ou sites industriels voués à la démolition) sans réelle valeur économique ajoutée.

Né Wallon et demeurant Wallon dans l’âme, je souffre de voir tous ces drapeaux Belge
aux fenêtres de ma région : sorte de supplique qui, sur un plan formel veut dire :
« Défendons l’unité de la Belgique » mais au fonds peut vouloir dire également :
« Sans la Flandre, nous sommes fichus, restons unis »

Une manifestation de toute grande ampleur a eu lieu à Bruxelles, dont l’objet premier était de sauvegarder l’unité de la Belgique: les politiciens wallons étaient en tête de cortège, mais leurs homologues Flamands brillaient par leur absence : qui s’en étonnera à la lecture de ce qui précède?

 

De manière qui pourrait être prémonitoire, la RTBF (Radio Télévision belge Francophone) avait monté, le 13 décembre 2006 un canular annonçant, en plein JT, la scission de la Flandre :
Ce qui n’était qu’un canular a fait figure d’un véritable tsunami y compris au niveau de nombreux ambassadeurs de Belgique à l’étranger et qui essayaient de joindre le gouvernement belge, saturé d’appels…
 

 

 

suite à venir dans la partie 2

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