DIS MOI, PARLE, PRENDS LA PEINE, PRENDS LE TEMPS…

Il est loin le temps « où l’on trempait sa plume » dans l’encrier.
Il est loin le temps des soirées autour du feu, où l’on partageait son vécu, ses joies, ses peines, ses révoltes, ses espoirs et ses désillusions.

En ces temps là, on se parlait, à la maison, au bistrot, en fumant un paquet de clopes, ou sirotant quelques bières ou quelques pastis. C’était du temps où l’on sortait du temps, le temps où le temps ne nous était pas compté, le temps où l’on donnait du temps au temps, le temps où l’on arrêtait les aiguilles du temps, le temps de quelques instants.

Pour gagner du temps, on a inventé les SMS, les Emails reçus que l’on renvoie « tel quel » à son carnet d’adresse en demandant de faire suivre…

Parfois, au fil du temps, l’on fait une rencontre d’un soir où sous la couette, on prend le temps de passer du bon temps, le temps d’un bon moment, avant de regarder sa montre et de conclure qu’on n’a plus le temps.

L’autre se dit « j’ai perdu mon temps » et s’en retourne à son ordinaire, tous ses rêves éteints.

Et ainsi, le temps s’écoule, inexorablement, jusqu’au jour où il s’arrête.
Et au fonds d’un trou, enfin, on a tout le temps.

Comments

[Lejuste Anne]

Ah,le temps! Le passé, le vivant, l'à-venir... Le temps-nostalgie, le temps regretté ou regrettable, le temps imaginé ou suspendu, le temps de l'oubli et celui de la mémoire, le temps recherché ou
désavoué, le temps désenchanté ou inespéré, le temps refoulé ou ressurgi... Que de temps, que de temps!!! Celui d'avant, de maintenant, de demain,personne n'y échappe. C'est la seule réalité
équitable pour tous; la seule donnée qui soit égalitaire, du Nord au Sud, d'Est en Ouest. Pour chaque humain, le temps est compté, nul n'y échappera; le temps de chaque vie a sa finitude,
indéterminée ou plutôt inconnue, mystérieuse.
La science est parvenue à "définir" l'espace, à l'expliquer, à nous le rendre compréhensible malgré son gigantisme et son "infinie" expansion. Mais le TEMPS nous reste énigmatique malgré ses
mesures codées consensuelles et nos capacités à le rendre subjectif, élastique, variable selon l'intensité ou la sensation de vide du vécu. On peut certes l'organiser,l'improviser (illusion), le
laisser filer (inconscience); notre volonté et nos désirs n'y changent rien. le temps s'écoule malgré nous, malgré tout.
Au temps des encriers, des soirées au coin du feu, il pouvait paraître plus long, comme ralenti. Mais était-il plus enviable? Ce temps-là avait ces silences lourds et sordides, des violences liées
aux carcans des traditions.
Dans l'existence, le temps est ce que l'on en fait et chacun devrait être libre d'en disposer à sa guise...Mais, est-ce si simple ? Aujourd'hui comme hier,il est des lieux pour se rencontrer, se
parler, copiner tout simplement. Les bistrots, les restos où l'on va davantage pour le contact avec le patron chaleureux et le personnel sympa constituent encore des endroits d'échanges et de
communication. L'écrit peut être un mode relationnel mais il est surtout un moyen égo-centré de se dire, hier comme aujourd'hui.
Suggestion de lecture:" C'est une chose étrange à la fin que le monde " de Jean d'ORMESSON de l'Académie française.

[veillecitoyennelibre : Le Blog d 'EDDY DELHAYE]

Merci Anne pour ton commentaire, bien écrit, et fort intéressant
Il est non seulement riche, mais laisse supposer un réél vécu personnel.
A propos de Jean d'Ormesson : je le connais, bien sûr, sans jamais l'avoir lu. A venir, après que j'ai dévoré les 4 livres achetés et non encore lus !  Bon vent à toi. N'hésites pas à
intervenir quand un sujet de mon blog t'intéresse...